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Les premiers pieds sur Terre
Tentées avant l’apparition du genou, les premières expériences de pied apportèrent un confort salué. Non seulement on le posait avec plaisir, mais on pouvait le dresser sur sa pointe lors du passage de l’autre pied, réduisant ainsi les risques de déboitement du bassin.
Le passage, c’est le moment où le pied levé double le pied en appui.
Parfois, les innovations arrivent trop tôt. Adoré pour sa souplesse, le pied était détesté pour ses démangeaisons. Pour le gratter, il fallait avoir le bras long, et nos images d’archives attestent l’absence de bras à cette époque. Pour ne pas payer un bien par un mal, on oublia le projet dans un tiroir.
L’arrivée du genou devait le relancer, non sans un étrange détour. La possibilité qu’il offrait de plier la jambe révéla qu’après s’être abaissé, on pouvait se relever. L’idée de multiplier les segments pour prendre en hauteur s’imposa naturellement, libérant les corps par de spectaculaires effets ressorts. Mais les accidents de plafond occasionnés poussèrent à légiférer. Pour sauver les cerveaux sans renoncer au progrès, on trancha au troisième segment.
Décision hâtive, prise sans expertise. La difficulté d’emploi de ce segment mal calibré aurait abouti à son abandon si de grands esprits, fatigués de se marcher sur les troisièmes segments, n’avaient songé à les raccourcir. C’était remettre le projet du pied sur la table. En lui-même, le pied fût prié de rester dessous, mais ce devoir de discrétion ne l’empêcha pas d’être adopté par tous, tant il permettait, associé au genou, de marcher enfin dans la joie.