LA MARCHE – LES BRAS – Généralités

          

GÉNÉRALITÉS

Le membre supérieur est comparable au membre inférieur à maints égards. Les deux disposent du même nombre de segments, en retard les uns sur les autres, et subissent une contrainte analogue : le genoux empêche la pliure avant de la jambe, et le coude, la pliure arrière du bras. Les deux sont déphasés en général de 1/2 période, d’où leurs mouvements inverses.

On pourrait donc partir d’un même modèle pour coller des jambes et des bras à un tronc. Ceci dit, le personnage obtenu conviendrait mieux à  un quadrupède qu’à un être humain.

Au delà de leurs similitudes, la jambe, élément porteur, doit gérer son appui au sol, tandis que le bras, qui peut faire n’importe quoi, reste ballant. Cette différence de fonction a produit une différence de dimensions. Quand on laisse pendre les mains, elles ne dépassent pas la moitié de la cuisse. Quant au tronc, si on le replie, jambes tendues, sur les membres inférieurs, la tête n’atteint pas les pieds.

Ces observations n’effrayeront pas l’animateur, dont le respect ou non de la longueur commune des bras dépend de son bon plaisir. Seule compte pour lui la crédibilité du mouvement, qu’il obtient en ajustant le rythme de ce dernier aux proportions choisies.

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  1. Le ballant
  2. Chevauchement de phases successives
  3. Phases en S
  4. Ballant non symétrique
  5. Cassure du coude
  6. Rien n’est nécessaire en soit
  7. L’art de savoir où on met les pieds

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Le ballant

Un bras qui se balance d’avant en arrière entraine trois segments principaux, le bras à proprement parler (humérus), l’avant bras (radius cubitus), et la main, elle-même divisée en plusieurs segments. Ce va-et-vient produit un retard de chaque segment enfant sur les segments parents.

Un va-et-vient, c’est une oscillation. Le jeu des retards successifs entre segments, une propagation. La synthèse d’une oscillation et d’une propagation, une ondulation. Une ondulation, c’est 8 phases principales.

Dans un cycle développé, la trajectoire d’extrémité d’un mouvement ondulant tend à dessiner une onde. Dans un cycle sur place, elle tend à dessiner un 8.

Ce n’est pas pour rien que les scientifiques préfèrent parler de « membre supérieur » ou « inférieur », le bras ou la jambe n’étant que des segments de ce que l’on nomme communément « le bras » ou « la jambe ».


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Chevauchement de phases

Pour faciliter l’observation, les animations de ce paragraphe sont symétriques et les segments du bras de taille égale.

Le chevauchement de phases, observable dans la trace du ballant, est l’effet d’un déphasage d’une articulation sur une autre, au moment où elles inversent leur rotation.

En soit, un retard ne produit pas un tel chevauchement. Le mouvement suivant en présente un en milieu de  ballant, et toutes les phases sont distinctes. S’il y a chevauchement, c’est entre phases aller et retour, non entre phases successives. Aux extrémités, où les inversions de rotation sont synchrones, on observe des amortis, non des retards.

Un retard indique qu’une articulation enfant inverse sa rotation après une articulation parent. On peut dire aussi qu’une articulation inverse son déplacement avant d’inverser sa rotation, produisant le recul de l’articulation suivante. Cette opposition de direction, entre deux points du système, produit le chevauchement des phases, en un point intermédiaire entre celui qui avance et celui qui recule.


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Phases en S

Les phases en S sont un autre effet d’un retard aux extrémités. Typiques de mouvements ondulants, elles assurent la transition entre phases aller (courbes) et phases retour (contre-courbes).

Courbes et contres courbes en bleu, S et contres S en rouge

Plus ou moins prononcées, ces S peuvent donner au mouvement un léger effet de souplesse, ou permettre le relâchement total des articulations.

Quelle que soit la durée du ballant, on retiendra au moins 8 extrêmes.

Avec moins, on passe à coté de l’effet ondulant. Des ballants excessifs peuvent en nécessiter plus.


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Ballant non symétrique

Le coude permet de plier le bras en avant, non en arrière. De fait, lors du ballant, le bras tend à être plutôt raide à l’aller, plutôt souple au retour. Il en résulte une dissymétrie, visible sur les trajectoires d’oscillation et sur la trace du mouvement. Notons la pointe que produit le blocage du coude à l’extrême arrière de la trajectoire d’extrémité. Elle disparaîtra selon le déphasage du bras relatif à l’épaule en mouvement.


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Cassure du coude

Richard Williams en parlait comme d’une astuce pour assouplir le mouvement. En fait, cette cassure peut s’observer dans le recurvatum du coude.

Le recurvatum est la capacité de certains individus à plier le bras en sens contraire avant calage complet du coude.

Sans forcer l’articulation, cette pliure arrière s’obtient aussi par une rotation excessive de l’épaule.

Selon la façon dont on l’ajuste, elle donne à un personnage une allure féminine, masculine, …

… voire une drôle d’allure.


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Rien n’est nécessaire en soit

Les bras ne déterminent pas a priori une marche. Ils ne font que l’accompagner, de façon plus ou moins disciplinée, rééquilibrant de mille manières une marche en porte-à-faux, faisant ce qu’ils veulent du moment que la stabilité de l’ensemble peut se passer de leur concours.

Les exemples de décorrélation entre les pieds et les mains rempliraient des pages. Dans celui-ci, tandis que les pas se font en 2 temps, les mains jonglent en 3.

En s’entraînant un peu, on fait mieux.


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L’art de savoir où l’on met les pieds

Quiconque se met à marcher les yeux fermés fait d’emblée de petits pas lents, de peur de perdre l’équilibre ou de heurter un obstacle. Ceci dit, nombre d’aveugles marchent très bien sans canne et sans danger, du moment qu’ils connaissent leur environnement. Autrement dit, quand on ne voit pas, on peut savoir.

Pas d’excuses, donc.

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© Christophe Clamaron 2022

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