PENTES, COURBES ET VRILLES
Le centre de gravité (point vert) n’est pas un point fixe au milieu du corps.
Le tronc est une masse qui pèse. En s’ajoutant au système bipède réduit aux jambes, étudié jusqu’ici, il peut facilement le déséquilibrer. Pour éviter cela, il tendra naturellement à adopter une position qui permet de maintenir au mieux le centre de gravité au dessus du polygone enveloppant les pieds (quadrilatère de sustentation).
Quand l’aplomb du centre de gravité est au croisement des diagonales, le poids se répartit uniformément sur toute la surface d’appui. Quand il n’est pas à ce croisement, la posture du corps tient plus sur un pied que sur l’autre.
En pratique cela consiste à rester droit si les jambes se répartissent symétriquement de part et d’autre de l’axe de gravité,…
… ou, quand ce n’est pas le cas, à se pencher de manière à pondérer le mouvement du bassin. On parle alors de mouvement inverse.
Ceci dit, nous avons vu, dans un précédent chapitre, que, lors d’une marche, l’élan du déplacement autorisait les poses en déséquilibre. C’est le cas pour la plupart des phases en simple appui.
Autrement dit, il ne faut pas se focaliser sur l’équilibre d’une pose d’un point de vue statique. Il faut la comprendre dans le mouvement. Toutefois, une marche ne maintiendra sa trajectoire que si l’aplomb au sol du centre de gravité est situé entre les aplombs au sol des deux pieds, levés ou non.
Ces quelques rappels devraient aider à comprendre la suite.
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Pentes et transferts de poids
Quand on marche, le fait de pencher le tronc en avant ou en arrière projette naturellement le bassin derrière ou devant le centre de masse.
Ces pentes peuvent être l’effet d’un tangage du bassin.
Ces deux cycles proposent chacun une oscillation du tronc décalée d’une demi période relativement à l’autre, pour un même mouvement des membres inférieurs.
Celui à gauche balance le tronc en avant pendant l’enjambée, et celui à droite, pendant l’appui. Celui à gauche semble moins forcer que celui à droite pour maintenir l’équilibre. On peut trouver que les deux fonctionnent, bien que la bascule arrière du cycle de droite soit trop forte pour ne pas chuter. Elle a lieu pendant que le bassin recule, et celui-ci aurait du mal à revenir en avant dans un mouvement réel. Toutefois, on peut imaginer qu’un ballant adéquat des bras parvienne à compenser le déséquilibre.
Oublions les bras et ajustons plutôt la position du centre de gravité. La première pose fixe, en début d’animation, est l’extrême de bascule arrière du tronc. De A à C, le centre de gravité est derrière, au-dessus, puis devant le pied en appui. En A, le corps semble revenir en avant dans un effet ressort un peu artificiel. En C, la durée d’enjambée a été réduite pour éviter un porte-à-faux avant.
La version B maintient la durée d’enjambée sans tomber en arrière. Son bassin, au mieux, s’arrête en cours de mouvement, mais ne recule pas. La bascule arrière du tronc et l’enjambée excessive s’équilibrent.
De telles oscillations du tronc sont nécessaires quand l’inertie du mouvement ne suffit pas à transférer le poids d’un appui à un autre. Elles s’observent donc d’abord lors de marches lentes, d’autant mieux si l’amplitude de pas est grande.
Ceci dit, en animation, rien n’interdit de contredire les tendances.
Le transfert de poids concerne aussi la vue de face, plus ou moins selon l’écart entre pieds.
Courbures
Pencher le buste en avant ou en arrière ne détermine pas a priori sa courbure. On peut autant se pencher en se voutant qu’en se cambrant. Cette courbure peut aussi ne pas répondre à une pente, mais être le simple effet d’un mouvement, un coup de rein à chaque pas, par exemple.
En vue de face, la courbure du tronc compense un roulis du bassin.
Elle peut exprimer un mouvement inverse à la courbure d’une jambe, …
… ou non.
En animation, tout est possible.
De profil, cette courbure est visible dans le détail intérieur de la forme, l’évolution elliptique des sections, plus que dans son contour.
Vrilles
Quand le bassin fait des lacets, les épaules vrillent le tronc dans un mouvement inverse. A priori. En fait, elles le font plus ou moins. Voire, pas du tout.
En A, les épaules ne réagissent pas à l’oscillation du bassin, la vrille du tronc est légère. En B, elles annulent toute vrille en accompagnant le bassin. En C, elles l’augmentent au contraire dans un mouvement inverse.
Observons l’effet sur la marche de type pingouin,…
…et sur celle de type mannequin.
Les types « pingouin » et « mannequin » ont été définis arbitrairement dans le chapitre « les bascules du bassin ». Le premier synchronise deux niveaux oscillants successifs, le second les désynchronise de 1/2 période, autrement dit, les inverse.
Certains cas semblent plus naturels que d’autres. Le A suffirait à bien des marches, peu de gens jouant ostensiblement des épaules. Notons que le tronc ne vrille pas en B chez le pingouin, en C chez le mannequin.
Si le pingouin ou le mannequin se caractérisent par le parallélisme ou l’inversion des niveaux oscillants, on peut dire, pour ces marches de face, que les cas B présentent un pingouin et un mannequin parfait, et les autres, des types mixtes.
On ne considère ici que l’oscillation de lacet. Mais le type parfait se vérifie aussi par le roulis, autant au niveau du bassin que des épaules. Il peut même tenir compte de l’oscillation des bras.
Course
Plus on va vite, moins sont sensibles les mouvements de vrille et d’inclinaison du tronc. Non qu’ils n’existent plus, mais la tendance du coureur est de réduire au mieux les oscillations du bassin et des épaules pour augmenter au contraire celles aux extrémités, mains et pieds, dans le plus court laps de temps possible. En tout cas, s’il veut aller vite. Le jogger du dimanche peut tout se permettre.
Un coureur sérieux a le tronc à peu près vertical. Il n’y a que dans les phases d’accélération qu’il le penche nettement en avant ou en arrière, lors d’un départ ou d’un arrêt, par exemple.
Il doit aussi envisager une bascule du tronc en cas d’appui long, les variations de vitesse qui en résultent nécessitant des réactions d’équilibrage.
Comme d’habitude, le contrepied du principe est autorisé.
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Vrilles
Ces trois propositions sont de type pingouin au niveau du bassin, les trois suivantes, de type mannequin. Selon les cas A, B et C, les épaules ne réagissent pas, font un mouvement inverse, accompagnent le bassin.
Quand on court, le bassin se comporte a priori en pingouin. Des trois comportements possibles des épaules, le plus plausible est celui qui accompagne les bras (B).
Encore une fois, l’animateur fait ce qu’il veut.
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© Christophe Clamaron 2022