PETITES BÊTES – Le lombric

         

LE LOMBRIC

et autres rampants

EN COURS


1

Principe

A bien y regarder, le principe de la reptation n’est pas loin de celui de la marche: il s’agit de prendre appui sur une partie de son corps pour en déplacer le reste.  Quand vous marchez, un pied ne bouge pas le temps que le corps avance, et ne se lève que lorsque l’autre pied est en appui. Un lombric, un escargot ou un serpent fait un peu la même chose, mais sans les pieds.

Première différence caractéristique, marcher consiste à passer un pied devant l’autre. Quand on rampe, aucune partie du corps ne double l’autre. Comme quelqu’un qui claudique…

Ramper n’implique pas un frottement au sol. Dans les modes de reptation, on peut citer celui du serpent, qui peut prendre appui en divers endroits du corps pour se mouvoir en limitant les frottements. Nous le verrons, certains vers font mieux. Mais tandis que le serpent ondule, le lombric avance de façon rectiligne. Enfin, soyons justes : quand il se veut discret, le serpent imite très bien le lombric.

Anim serpent qui se déplace immobile

 


2

Prenons une suite de wagons à l’arrêt. L’un en extrémité avance, pousse le suivant, qui pousse le suivant, et ainsi de suite. A la fin de cette réaction en chaine, chaque wagon aura avancé sur une même distance, l’un après l’autre.


En réalité, l’énergie de mouvement se perd d’un wagon à un autre. De vrais wagons donneraient plutôt ça.

Le lombric, lui, peut, sans roues, enchainer la réaction sur plusieurs wagons.

De là à en conclure sa supériorité sur les wagons, c’est aller vite en besogne. Les statistiques sont formelles, on voit plus de lombrics finir sous un train que de trains dans un lombric.


3

Un lombric étant formé d’anneaux déformables soudés les uns aux autres, son déplacement est dû à une suite d’étirements et de rétractations.

Voici le principe réduit à deux anneaux.


Le premier anneau déplace d’abord sa partie antérieure en s’étirant, puis sa partie postérieure en se rétractant. Tandis qu’il se rétracte, l’anneau suivant s’étire pour accompagner le mouvement, puis rétracte à son tour sa partie postérieure. D’un wagon à un autre, nous avions un mouvement en deux temps. D’un anneau à un autre, il est à trois temps.  Un vrai lombric ne passe pas ces trois étapes l’une après l’autre mais les fait se chevaucher dans le temps. L’effet est plus doux que des wagons qui s’entrechoquent.

Vers processionnant à reculons à l’annonce du train.

Par ailleurs, ses anneaux produisent, en se comprimant, un gonflement qui parcourt son corps comme une vague. Ainsi, bien que son déplacement soit linéaire, il reste l’effet d’un phénomène ondulatoire.


4

Pour ceux qui n’ont pas le temps.

Voici une méthode qui applique le principe précédent en le réduisant aux seules extrémités.

Animez en quelques phases un cycle d’écrasement et de décompression d’un cercle, non sur le sol, mais selon le diamètre médian des phases, comme si vous pressiez une balle entre deux doigts. Quand c’est fait, vous coupez chaque phase en deux, comme sur ce schéma.


La ligne de coupe correspond au sol.

Quand la forme s’écrase, calez le bord gauche de chaque phase sur un même point au sol . Quand elle se décompresse, calez les phases sur le bord opposé. Un mouvement de reptation s’est produit de gauche à droite. Simple non?


5

Progression des anneaux

Une méthode pour animer les anneaux consiste à animer une verticale…

 

… puis à la dupliquer un certain nombre de fois …

… en décalant chaque copie de quelques images par rapport à la précédente. En reportant le cycle, ça donne ça.

Pour aller plus vite, on peut cumuler les contractions…

… plus ou moins selon qui vous court après.

La méthode est un peu systématique. Elle présente plus d’intérêt dans l’étude des phénomènes ondulatoires. Vous en trouverez une ici.


6

Méthode clef à clef

La méthode clef à clef permet d’animer des lombric de façon plus originale et sans se limiter aux animations de profil.

On détermine d’abord les phases de départ et d’arrivée. Leur écart donne la distance à parcourir en un cycle.

Phases 1 et 17

On détermine ensuite une phase intermédiaire principale correspondant à la contraction maximale du corps…

Phase 9

… puis deux intermédiaires secondaires qui déterminent l’étirement maximal du lombric, l’une avant l’intermédiaire principale, l’autre après.

Phases 5 et 13

En première approche, on peut dire que cJes phases s’étirent depuis l’arrière de la phase précédente jusqu’au devant de la suivante.

On complète les intervalles.

Phases 3,7,11,15

Animation finale

Quand le principe est compris, on l’applique à des animations plus complexes.

Phases 1 et 17

L’intermédiaire principale n’est pas forcément pile au milieu du mouvement, ni dans l’espace, ni dans le temps…

Phase 9

… et les phases d’étirement maximale n’ont pas besoin d’être calées au millimètre près sur les phases en amont et en aval.

Phases 5 et 13

Animation finale (exit intervalles, on a compris)


7

Les vers sportifs

Nous avons dit que ramper ne consistait pas forcément à se frotter le ventre au sol. Sachant cela, certains vers en abusent. Regardez celui-ci.

Film de l’hirudine

On sent qu’il sait ce qu’il veut. Voici les trois clefs principales d’un mouvement de ce type.

Schéma

En fait, c’est l’étirement en hauteur et l’écrasement en longueur d’une forme fermée dont on gomme une partie pour en faire une ligne ouverte.

Anim

On peut bien sur varier les poses, somme le montre ce petit film.

Film sur la troupe de vers solitaires.


8

CONCLUSION

Pour une approche plus théorique des modes de reptation, je vous invite à parcourir le site de l’ENS de Lyon à la page

Petites questions de physiologie animale

FIN DU CHAPITRE SUR LE LOMBRIC

© Christophe Clamaron 2021

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